Des jardins
Du 1er au 30 septembre 2020
Estelle Chauvard, designer fiction. Trois jardins imaginaires
Estelle Chauvard est designer fiction.
Elle a travaillé à la communication de plusieurs marques, événements, projets associatifs ou culturels et s’intéresse, par ailleurs, à la réalisation de films d’animation (Le Bel Enfant, 2014 ; Tombé du ciel, 2016). Le Design fiction consiste à créer des objets de design selon des usages fictifs, dans une visée spéculative et/ou critique.
« Ce projet est un moyen de raconter, à travers la fiction, des problématiques contemporaines soulevées par le jardin. Les trois œuvres [à Lagrasse] de la paysagiste imaginaire Danielle Dixe explorent trois façons différentes d’envisager le jardin : comme métaphore du cheminement initiatique, comme harmonie entre l’homme et la nature et, enfin, comme objet social et politique. Envisager les problématiques écologiques sous le seul angle du mode de vie individuel me semble être une impasse. Or, le jardin pose dans ce cadre un paradoxe intéressant : espace clos, fermé sur soi, traditionnellement associé à la propriété privée et à l’intimité, il est récemment devenu, avec des initiatives comme les Zones à Défendre (ZAD), le guerrilla gardening ou plus simplement les potagers partagés, un instrument et un enjeu de lutte et de gestion collective. Je souhaite proposer aux habitants rencontrés de contribuer à la fiction en inventant la relation qu’ils auraient pu avoir avec cette paysagiste imaginaire ».
Adrien Genoudet, écrivain, cinéaste et historien. Boutures
Adrien Genoudet est écrivain, cinéaste, chercheur en histoire visuelle. Il est l’auteur de Dessiner l’histoire. Pour une histoire visuelle [Le Manuscrit, 2015], L’Étreinte [Inculte, Actes Sud, 2017] et de plusieurs films d’arts. Il est rédacteur en chef de la revue Entre-Temps.
« Tout part des jardins d’Albert Kahn.. [à Paris] Depuis quelques années, comme un lieu étendu, sans bords et sans limites, les jardins de ce banquier-philanthrope resté presque inconnu ne cessent d’ouvrir des désirs. Il paraît que, lorsque l’on se promène dans les jardins et les forêts, notre corps aspire l’essence des plantes et des arbres, qu’il se fait habitacle et que, au gré de la marche, nous finissons par devenir un terrain fertile où des corps étrangers, bienveillants, se mettent à éclore. J’aimerais rencontrer toute personne, à Lagrasse et aux alentours, qui entretient un lien singulier avec les plantes et les jardins (particuliers, viticulteurs, agriculteurs, gardes forestiers, jardiniers etc.). Ces rencontres feront l’objet d’un projet filmique documentaire accompagné de textes littéraires (déambulations, comptes rendus de rencontres, journal intime) que j’écrirai lors de la résidence, et qui seront lus sous forme de performance en accompagnement des images filmées. De plus, cet ensemble sera mêlé (par le montage), à des reprises d’images du fonds Albert Kahn »
Louise Piélat, paysagiste. Fragments
Louise Piélat est paysagiste DPLG. Elle a travaillé à divers projets en France et en Espagne, notamment la mise en scène paysagère d’un site archéologique, la réalisation de jardins privés, de festivals et l’aménagement d’espaces publics. Elle a toujours un carnet dans la poche pour dessiner.
« L’enjeu sera de mettre en relief la relation de l’homme au vivant par le dessin et de travailler sur un format étiré, de faire un pas de côté et me requestionner sur le rapport au vivant que l’homme entretient dans un jardin, me confronter à d’autres regards, d’autres façons d’aborder l’imaginaire du jardin. Entrer dans un jardin comme on part en voyage. Je propose comme point d’ancrage de partir à la rencontre des jardins de Lagrasse. M’appuyer sur une réalité de terrain pour alimenter ma réflexion. Le jardin est pris au sens large, avec ou sans jardinier. Il peut se retrouver dans un délaissé, un recoin enfriché, la rive d’une rivière, il peut se cacher derrière de hauts murs, à l’abri des regards, ou être ouvert à tous les vents, il peut être nourricier, il peut être historique ou contemporain… Je collecterai dans ces jardins, par le dessin, à la façon d’un carnet de voyage, ce qui les compose, les caractérise, ce qui m’aimante dans chacun d’entre eux. Le jardin est la mise en scène du dialogue entre la volonté humaine et la nature, ou au contraire la tension entre ce que l’homme veut maîtriser et ce qui lui échappe. Par une approche presque ethnoécologique du jardin, je tenterai de retranscrire cette cohabitation ».
Pour information, l’appel à projet sur le thème Des jardins est toujours consultable, ici.
Le projet de la Maison du Banquet est de « faire lieu » autrement. Faire lieu, c’est ici réinventer la notion de résidence.