Mario Del Curto, Humanité végétale [Actes Sud, Beaux Arts, 2019]
samedi 21 décembre 2019 à 17h
À propos
“Museau de lama noir”, “vieux bonnet ravaudé”, “coeur d’enfant”… Voici quelques-unes des trois cent quatre-vingts variétés de pommes de terre anciennes ressuscitées par Julio Hancco à 4 000 mètres d’altitude, près de la Vallée sacrée des Incas. À Marseille, Londres ou Rotterdam, des jardiniers du dimanche cultivent leurs potagers. Dans le
Grand Nord, des milliers de graines sont congelées pour sauver notre biodiversité végétale. Dans les forêts du Kazakhstan pousse encore la pomme originelle. Niki de Saint Phalle, Charles Billy, Josep Pujiula donnent forme à leurs jardins intérieurs. Un scientifique pose des électrodes sur une plante pour étudier ses mécanismes d’autodéfense. À quoi rêvent ces passants longeant les rives artificielles de Dubaï Creek ? Jamais ces histoires n’étaient censées se croiser ; jamais certains itinéraires ne devaient même être contés. Le photographe Mario Del Curto interroge : Qu’est-ce qui relie tout cela ? Qu’est-ce qui nous relie à cela ?
Aux inquiétudes contemporaines face à la transformation de nos écosystèmes et à ses conséquences désastreuses sur le vivant, l’artiste suisse répond par un puissant récit photographique, accompagné d’essais critiques. Il réfléchit aux liens qui nous unissent au végétal et, sans morale ni catégories, propose un autre regard sur notre environnement et sur ses habitants. Le jardin y est saisi au-delà de sa dimension proprement alimentaire ou paysagère, comme un geste ou une composition ouverte à tous les possibles. C’est la première enquête visuelle, souligne le philosophe Emmanuele Coccia, à révéler le monde comme un jardin, à saisir, en somme, sa nature profondément jardinière : façonnée par l’Humain, notre planète l’est avant tout par les plantes elles-mêmes, qui nous nourrissent, mais influencent aussi nos vies, nos déplacements, nos actions. Certains proposent de “faire jardin” en s’inspirant des jardiniers visionnaires ou sans noms qui ont jalonné notre histoire. Vandana Shiva nous enjoint à revenir à la racine du verbe vegetare : “animer, vivifier”, pour saisir toute la force du végétal.
Mario Del Curto est né en 1955. Il vit et travaille à Sergey Suisse. Autodidacte, il débute la photographie en couvrant les mouvements sociaux des années 1970 à 1980. Photographe indépendant, il travaille pour le théâtre et la danse, développant un style à part dans la photographie de scène. Dès 1983, il se passionne pour l’Art brut et y consacre de nombreux ouvrages, films et expositions. Depuis quelques années, il parcourt le globe et porte son regard sur les liens de l’Homme à son environnement végétal. Ses images ont fait l’objet de nombreuses publications et d’une centaine d’expositions à l’international.