Vendredi 10 août 2018, dans le cadre du Banquet du livre d’été Dans la confusion des temps qui s’est déroulé à Lagrasse du 4 au 10 août 2018, Emanuele Coccia tenait une conférence intitulée Alimentation, réincarnation, politique.
Tous les vivants sont destinés à être mangés par les autres : vivre signifie donc nécessairement devoir constamment incorporer (ou être incorporé par) la chair – vivante ou déjà morte, d’un individu d’une autre espèce. En ce sens, dans l’alimentation, toutes les espèces se rencontrent et doivent se rencontrer. À l’inverse, la nutrition ne peut pas être pensée comme le simple rapport de manque d’un individu à soi (ou à la possibilité de sa propre survie), mais elle constitue (comme ou plus que la reproduction) la forme transcendantale des rapports interspécifiques. À cause de l’alimentation, toute relation à soi d’un individu vivant devient une relation politique car elle doit toujours passer par des individus d’autres espèces.

Aujourd’hui, Emanuele Coccia explique à l’occasion d’un entretien dans Le Monde des idées,  » La Terre peut se débarrasser de nous avec la plus petite de ses créatures « , pourquoi la pandémie actuelle réinscrit l’homme dans la nature et comment l’écologie doit être repensée, loin de toute idéologie patriarcale fondée sur la « maison ».

Emanuele Coccia est philosophe, maître de conférences à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS).  Il vient de publier Métamorphoses, Rivages, 2020.