Il y a peu, je fus invité à donner un séminaire sur Paul de Tarse, pour le dernier Banquet du Livre. Je dis dernier, dernier de ceux qui, bon an mal an, se sont succédés, depuis leur fondation par Benny Lévy et Gérard Bobillier, dans cet esprit qui fut aussi le leur : l’esprit de lutte et de vigueur, de lutte vigoureuse de l’esprit – mais encore, comme une sorte de baume, l’amour de la lettre.
Ce temps-là finit. Vient, sous d’autres auspices, le temps de l’institution. 

J’ai cru d’abord que je ne reviendrai pas ; j’allai décliner l’invitation.
Puis je me ravisai, au risque de susciter, parmi mes amis, l’incompréhension ; oui, je tenais à finir, à signifier que, comme hôte du Banquet, j’avais fait mon temps. A Lagrasse, où j’ai grandi, ne devais-je pas marquer, par ce dernier séminaire, la fin d’une histoire ?

Ce séminaire sera consacré à la question cuisante, grave, insoupçonnée de l’intériorité ; l’intériorité dans les épîtres de Paul de Tarse. Je tiens en effet que l’apôtre fut, sinon le premier, du moins le plus âpre, le plus ardent penseur de l’intériorité. Par les temps qui courent (comme de tout temps, hélas !), où les apparences démangent, que l’extériorité ronge, il n’est ni vain ni saugrenu de revenir à ces textes fondateurs. 

Que reste-t-il de Paul, par-delà les ruines de la religion chrétienne ? Tout.
Paul survit à la fin du christianisme – ce qui revient à dire que le christianisme se survit à travers Paul. Pour le montrer, il faudra longer le rivage de la sincérité (« l’élicrinée »), suivre les courants du martyr de la conscience pour atteindre aux abords de la liberté. Je dirai, pour finir, la divergence de Paul et des « sages » juifs – du mosaïsme dont il fut un dissident – « l’apostat » (Actes des apôtres). 

Je montrerai que le processus même de modernité n’est qu’une lente paulinisation, après que le christianisme s’est rendu à la raison pharisienne (ritualisation, légalisme, mascarade pieuse).

Qu’est-ce que j’appelle processus de modernité ? L’affirmation d’une intériorité souveraine, de son primat sur toute autre forme extérieure (corps, acte), du primat de l’être sur l’apparence, du cœur sur le corps. Processus inabouti qui devait finir, par aversion du christianisme, en « inversion des valeurs », le corps devenant, au lieu de l’esprit et du cœur, le siège de l’intériorité (Nietzsche, Sartre).
Par cette confusion du corps et de l’esprit, par ce paulinisme inversé, le monde est entré dans un âge nouveau.   

Je dédie ce séminaire à la mémoire d’une amie, l’écrivain Monique Lise Cohen, qui, lors de ma dernière allocution lagrassienne, fut prise d’un malaise ; la maladie devait l’emporter l’année suivante.  

Indications bibliographiques 

Paul de Tarse, Les Épîtres (spécialement l’Épître aux Romains), 

La Bible hébraïque (spécialement Deutéronome)

René Lévy, La Mort à vif, Essai sur Paul de Tarse, Verdier, 2020.

Platon, République, II, 358a-362c et IX, 588b-589c

Platon, La République, Livres I à X, édition et traduction du grec ancien par Émile Chambry, Gallimard, 1992.

Jean Pépin, Idées grecques sur l’homme et sur Dieu, Belles Lettres, 1971. (épuisé)

Nietzsche , Considérations inactuelles, II, 4

Nietzsche, Considérations inactuelles I et II, Folio, 1992.

Friedrich Nietzsche, Considérations inactuelles III et IV, Folio, 1992.

Le séminaire sera animé par René Levy, philosophe et talmudiste.

Né à Paris en 1970, René Levy dirige l’Institut d’Études lévinassiennes, fondé en 2000 à Jérusalem par Benny Lévy, Alain Finkelkriaut et Bernard-Henri Lévy.
Depuis la disparition de Charles Mopsik, il est directeur de la collection « Les Dix paroles » aux Éditions Verdier.
Il a publié La Divine insouciance et La Mort à vif aux Éditions Verdier.

INFORMATIONS PRATIQUES

Horaires

Jeudi 5 août

10h30 – 12h30
15h – 17h

Vendredi 6 août

14h30 – 17h

Conditions de participation (Complet)

Inscription préalable obligatoire.

Renseignements
La Maison du Banquet & des générations :
04 68 91 46 65
www.lamaisondubanquet.fr

Hébergement
Office du tourisme : 04 68 43 11 56
www.lagrasse.com

Les conditions d’accueil seront conformes aux préconisations sanitaires.  Le nombre de places est donc limité.