Chaque année, la Maison du Banquet et des générations accueille en résidence, pendant un mois, trois personnes autour d’un thème, pour leur permettre de créer dans les meilleures conditions, et de raisonner (résonner) ensemble.

Les trois projets retenus par le jury sont : 

Développer l’architecture comme art éthique et esthétique de la ruine. Ulysse Bahous

« Il est peut-être nécessaire d’inscrire plus près de nous, dans la matérialité même de nos existences, l’inquiétante présence de l’éternité. La ruine est le moyen privilégié d’une telle inscription. Cette étrangeté que la ruine manifeste, sans doute faut-il apprendre à la reconnaître là où elle existe déjà : c’est la question du patrimoine. Mais l’architecture, à condition qu’elle se reconnaisse comme art de la ruine plutôt que comme secteur de la construction, a peut-être un rôle à jouer dans ce décalage par rapport à l’époque présente qu’il est nécessaire d’accomplir. »

Ulysse Bahous est philosophe de formation et s’intéresse tout particulièrement aux liens entre architecture et philosophie. Il travaille sur la pensée architecturale chrétienne à l’âge baroque. 

La photographie, une archéologie contemporaine des paysages – Clément Bodet

« La trace, l’allégorie, la ruine sont autant de thématiques qui traversent une même approche de l’image : un espace découpé à l’intérieur duquel se poursuivent des métamorphoses.

Je souhaite réaliser un projet photographique autour du paysage, dans une approche documentaire dirigée vers l’aménagement et la préservation des sites naturels et historiques de Lagrasse. 

Contre la froideur d’un sauvetage mémoriel comparable à un relevé archéologique des vestiges, mon regard se construit dans une visée exploratoire d’un état du paysage. L’approche de la ruine s’associe à l’érosion de la pierre, à la végétation qui la recouvre, aux dépôts de l’activité humaine… L’éclairement des détails engage une lecture attentive des images. »

Diplômé de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles et titulaire d’un master en Arts et langages à l’EHESS, docteur en arts plastiques et sciences des arts, Clément Bodet est auteur et photographe. 

Les ruines englouties par les lacs de barrage, en Occitanie, en France et à travers le monde – Armelle Faure

« Des Ruines est un thème de forte inspiration pour l’anthropologie des vallées englouties par les lacs des grands barrages. Les exemples sont passionnants et certains sont devenus des cas d’école à l’échelle internationale, comme le barrage d’Assouan en Egypte, le barrage des Trois Gorges en Chine ou encore le très controversé barrage de Belo Monte au Brésil. Tous sont très bien documentés. Si les barrages français sont mal connus du public, hormis les exemples de Tignes et Serre-Ponçon, les deux cas existants en Occitanie ont été très peu documentés, malgré leur intérêt comparatif et l’importance de mettre en valeur ces histoires originales sur le territoire.« 

Armelle Faure est anthropologue et ethnologue, après un doctorat en anthropologie à l’EHESS. Elle étudie depuis trente ans aux liens entre les grandes infrastructures, les territoires et les populations, et s’intéresse tout particulièrement aux enjeux environnementaux et sociaux de ces liens. 
En 2021, elle reçoit le prix Louis Castex, Histoire et Anthropologie, Prix de l’Académie Française, pour son ouvrage Révolution et Sorcellerie. Une ethnologue au Burkina Faso, aux éditions Elytis.