Le Banquet du livre d'automne 2014
La Fabrique du roman
du vendredi 24 octobre au dimanche 26 octobre
rencontres | lectures | librairie
lectures musicales | soirée cinéma | café-restaurant
Ce Banquet d’Automne 2014 est consacré à un état des lieux du roman contemporain en France. Nous questionnons les transformations (formelles, esthétiques, thématiques) de ce que l’on appelle roman aujourd’hui. Les frontières, les délimitations des genres sont interrogées dans leurs porosités actuelles : fiction, (auto-)biographie, document, enquête, Histoire, ethnographie, essai, poésie, etc.
Il s’agit de donner la parole à des romanciers pour qu’ils nous disent, en tant qu’écrivains et lecteurs tout à la fois, leur conception personnelle du roman et de l’écriture romanesque, et pour qu’ils nous restituent leur propre expérience de création.
Le programme
Vendredi 24 octobre 2014
10 h : Ouverture de la librairie et du bistrot du Banquet
15 h : Conférence introductive de Dominique Viart : Enjeux et dispositifs des récits contemporains : Fictions critiques, narrations heuristiques
16 h 30 : Rencontre avec Michel Jullien
« L’anthologie de Primat relatait l’histoire des Francs et de leur collection de princes, depuis l’époque troyenne jusqu’à la mort de Philippe Auguste, en 1223. […] La somme est » romée « , c’est-à-dire qu’elle est écrite en » roman « , en langue vulgaire (pas tant une langue en soi qu’une contre-langue signifiant : qui n’est pas du latin ; une bouture lexicologique du douzième siècle réussit un ricochet, fit du mot » roman » un genre littéraire : tout récit façonné en langue commune). »
18 h : Rencontre avec Olivia Rosenthal
« Les faits ne se contentent pas d’arriver, ils reviennent. Qu’on les accepte ou non,ils sont plus insistants et plus entêtés que les stratagèmes qu’on invente pour les éviter. Écrire fait partie de ces stratagèmes […] On avance aveuglément vers le dénouement pour découvrir in extremis qu’en fictionnant le monde on a seulement essayé de retrouver ce qui avait eu lieu et qu’on avait oublié. »
21 h 30 : Soirée Lectures musicales
Marin Bonazzi et les étudiants du Master « Métiers de l’écriture et de la création littéraire » (Université Toulouse 2 – Le Mirail) proposent une performance sensible, une mise en voix spatialisée et expérimentale de textes des écrivains présents au Banquet.
Marin Bonazzi compose pour instruments et pour hautparleurs. Il s’intéresse à la voix comme lieu de dialectique entre le sonore et le sémantique, le sensible et l’idéel. Il est assistant des compositeurs Pierre Jodlowski et Didier Denis.
Samedi 25 octobre 2014
10 h : Ouverture de la librairie et du bistrot du Banquet
11 h : Table ronde « Au croisement des écritures », avec Michel Jullien, Olivia Rosenthal, Éric Vuillard et Isabelle Serça
15 h : Rencontre avec Agnès Desarthe
« la fiction prépare l’accès à la réalité, […] son rôle n’est pas de l’imiter, mais de la précéder, de s’en faire l’avant-garde. » […] Ce que j’appelle » l’âme » de l’écrivain, c’est le fatras complexe, miroitant et insaisissable qui précède puis accompagne le périlleux moment de l’accession au langage. C’est la boue, le bloc, un monde beaucoup plus large que celui que peuvent contenir les mots. »
16 h 30 : Rencontre avec Geneviève Brisac
« Pourtant le grand fleuve de la littérature coule toujours. […] En littérature, la colère est bonne conseillère et Anna n’a jamais cessé d’être en colère. A adoré écrire ce qu’il ne faut pas, dire les choses qui sont derrière les choses, ouvrir la porte interdite qui mène aux coulisses, ricaner sottement devant les mensonges utiles. »
18 h 00 : Rencontre avec Antoine Volodine
« Ses ouvrages […] peignaient en effet la même souffrance crépusculaire de tous et de toutes, un quotidien magique mais sans espoir, la dégradation organique et politique, la résistance infinie mais non désirée à la mort, l’incertitude permanente sur la réalité… »
21 h 30 : Projection, en avant-première, de Mateo Falcone, film d’Éric Vuillard (durée 1 h 05) qui sera en salles à partir du 26 novembre 2014. Avec Hugo de Lipowski, Hiam Abbass, Patrick Le Mauff, Florian Cadiou.
Corse, XIXe siècle. C’est l’été. Un paysage très sec avalé par la lumière. Une ferme isolée à la lisière d’un maquis. Laissé seul par ses parents, Fortunato voit arriver un fugitif, cherchant à échapper à un groupe de soldats, et qui lui demande de le cacher contre une pièce d’or. Dès lors, le jeune garçon se retrouve pris au piège de la violence des hommes…
D’après l’œuvre du même nom de Prosper Mérimée.
Dimanche 26 octobre 2014
10 h : Ouverture de la librairie et du bistrot du Banquet
11 h : Table ronde « Au croisement des écritures », avec Geneviève Brisac, Agnès Desarthe, Antoine Volodine et Dominique Viart
14 h30 : Conférence d’Isabelle Serça
« La ponctuation est l’anatomie du langage » : Ponctuation et fabrique du rythme dans le roman contemporain
16 h 00 : Rencontre avec Éric Vuillard
« la fiction a de ces à-peu-près qui faussent tout. […] L’émotion est ainsi faite qu’elle arrive sur commande ; le même épisode vu et revu, le même refrain d’une chanson passée en boucle nous met chaque fois les larmes aux yeux, comme si une vérité indicible et sublime se répétait inaltérée. »
17 h 00 : Lectures de clôture
Les auteurs invités
Geneviève Brisac est normalienne et agrégée de lettres, elle est l’auteure de plus de quinze romans et essais. Elle est éditée aux éd. de l’Olivier depuis 1994. Weekend de chasse à la mère (1996) a reçu le Prix Femina. Son dernier roman, Dans les yeux des autres, est paru en août 2014. Ses œuvres ont été traduites en plusieurs langues. Depuis 1983, elle est critique littéraire au Monde des Livres et à France Culture. Elle est également éditrice pour la jeunesse à l’Ecole des Loisirs et chez Gallimard. Elle écrit par ailleurs des pièces de théâtre et des scénarios de film. En 2013, elle préside le jury du prix du Livre Inter.
Agnès Desarthe est romancière et traductrice. Elle publie son 1er roman, Quelques minutes de bonheur absolu, en 1993. Un secret sans importance obtient le prix du Livre Inter 1996. Comment j’ai appris à lire (Stock, 2013), à la frontière de l’autobiographie et de l’essai, connaît un grand succès critique et public. Agrégée d’anglais, elle a cosigné avec Geneviève Brisac un essai sur Virginia Woolf. Elle a traduit de l’anglais une dizaine de romans pour adultes. Par ailleurs, elle a publié de nombreux livres pour enfants et adolescents à l’École des loisirs. Son dernier livre, Ce qui est arrivé aux Kempinski, est un recueil de nouvelles (éd. de l’Olivier, 2014).
Michel Jullien est écrivain. Après un récit d’enfance, Compagnies tactiles (Verdier, 2009), remarqué par Jean-Pierre Richard, Michel Jullien a publié Au bout des comédies (Verdier, 2011), Esquisse d’un pendu (Verdier, 2013) et Yparkho(Verdier, 2014). Il est par ailleurs éditeur de livres d’art depuis 1998. « On ne sait quelle règle se fixe Michel Jullien pour trier ses perles rares dans l’océan de son savoir encyclopédique. Le pittoresque, l’incongru, la dérision humaine, les farces du destin prennent toujours un tour métaphysique à partir de considérations triviales et physiques. » (Patrick Grainville).
Olivia Rosenthal a publié depuis 1999 neuf fictions aux éditions Verticales. Elle a reçu le prix du Livre Inter 2011 pour Que font les rennes après Noël ? Elle a écrit plusieurs textes pour le théâtre. Elle prépare avec le collectif ildi ! eldi, une série de spectacles autour du cinéma et travaille à des performances avec des cinéastes, écrivains, plasticiens, compositeurs. Elle a cofondé l’un des premiers masters de création littéraire, à l’Université Paris-8. Son dernier livre, Mécanismes de survie en milieu hostile, est paru chez Verticales en août 2014.
Isabelle Serça est professeur de langue et littérature françaises à l’Université de Toulouse. Elle s’intéresse au style et à l’écriture (particulièrement à la ponctuation) chez Proust dont elle est spécialiste, ainsi que chez des auteurs contemporains. Elle a publié Les Coutures apparentes de la Recherche (Champion, 2010). Son dernier livre, Esthétique de la ponctuation (Gallimard, 2012) élargit le champ de la ponctuation pour l’envisager dans la littérature (Proust, Gracq, Simon), mais aussi dans les arts – peinture, musique, architecture, installations contemporaines.
Dominique Viart est essayiste et critique, membre de l’Institut Universitaire de France et professeur de littérature moderne et contemporaine à l’Université de Paris-10. Il est le fondateur de la série « Écritures contemporaines » (Lettres modernes – Minard). Il anime un enseignement doctoral à l’Université La Sapienza de Rome. On lui doit d’avoir développé l’étude de la littérature contemporaine dans la recherche française. Il est l’auteur d’essais sur la littérature d’aujourd’hui, dont Le Roman français au 20esiècle (rééd. A. Colin, 2010).
Antoine Volodine est le principal pseudonyme d’un romancier français. Il a publié depuis 1985 une vingtaine de livres. Il invente un univers littéraire où onirisme, politique et humour du désastre sont le moteur de toute fiction. Des anges mineurs (1999) lui a valu le prix Wepler et le prix du Livre Inter 2000. Son dernier roman, Terminus radieux, paraît en septembre 2014 au Seuil. L’ensemble de son œuvre romanesque est aujourd’hui riche d’une quarantaine de titres publiés sous différentes signatures. Ainsi sous le nom de Lutz Bassmann, il signe 4 ouvrages chez Verdier, dont Danse avec Nathan Golshem (2012).
Éric Vuillard est écrivain et cinéaste. Il vit actuellement en Bretagne. Il est l’auteur de huit livres : récits, romans et poésie. Conquistadors (éd. Léo Scheer, 2009) a été récompensé par le prix Ignatius J. Reilly 2010. Il a publié aux éditions Actes Sud trois récits qui questionnent les zones d’ombre de l’Histoire : La Bataille d’Occident et Congo (2012) et en 2014 : Tristesse de la terre, une histoire de Buffalo Bill Cody, récit sélectionné pour le prix Goncourt 2014. Il a réalisé deux films, L’Homme qui marche (2007) et Mateo Falcone (2014).
La librairie Le Nom de l’homme et le bistrot de la Maison du Banquet
Ouverts de 10 h à 20 h
Au-delà de ses ouvrages de fond en littérature, philosophie, histoire, livres pour la jeunesse, etc., la librairie offre une sélection de livres autour du thème de ce Banquet.
La restauration durant le Banquet
Vendredi soir, samedi midi et soir et dimanche midi, entre 12 h et 14 h, et 19 h 30 et 21 h, Thibault Olivier, jeune chef itinérant, propose des repas – menu complet à 17 €, boissons non comprises – dans la salle de la « boulangerie des moines », à l’abbaye, sans réservation.
Les enregistrements audios
- Rencontre avec Geneviève Brisac, le 25 octobre 2014 à 16h30