Avec Jeanne Beltane, Johan Faerber, Emma Marsantes, Polina Panassenko, Catherine Soula, Sylvie Vignes, Florence Bousigue et les étudiants du Master Création littéraire de l’Université Toulouse Jean Jaurès, Mathieu Gaulène, Hakima Metahri, Nicolas Rouillé, Sandrine Teixido, et des films d’Adrien Genoudet, Clément Cogitore et Alain Guiraudie.

L’automne aura rarement été attendu avec autant d’impatience qu’après cet été caniculaire. Le retour des pluies, la brume des matins frais et la rosée sur les bottes nous apaisent après le spectacle de forêts qui brûlent.
Une nouvelle saison culturelle et littéraire s’ouvre à Lagrasse avec le démarrage de l’activité de l’EPCC Les arts de lire – abbaye de Lagrasse, qui prend la suite du Marque-Page pour cultiver les arts du livre, de la pensée et de l’image.

Le Banquet d’automne sera consacré au thème Se tenir debout qui explore autrement le Rester debout de la résidence partagée du printemps portée par le Marque-Page : Se tenir debout en forme de passage de témoin et en écho.

Rester debout suggère la persistance à demeurer intègre, en dépit des vents défavorables qui nous feraient plier ou rompre selon que l’on est chêne ou roseau. Se tenir debout, attitude plus active, engage la conscience et la volonté : le grec stasis a le double sens de « se lever » et « se soulever contre ». La résistance, qui procède de la même étymologie, c’est se tenir debout en faisant face, donner valeur de sens à la vie et la transformer véritablement en existence.

Nous découvrirons la démarche d’écriture de trois autrices, qui chacune à sa manière est portée par un élan de construction vitale, et nous fait vivre un grand plongeon : Jeanne Beltane (Les poumons pleins d’eau, Éditions des Équateurs) dans ce territoire entre deux mondes que crée le deuil, Emma Marsantes (Une mère éphémère, Éditions Verdier) dans la folie maternelle et l’effroi d’une histoire familiale toxique et Polina Panassenko (Tenir sa langue,Éditions de l’Olivier) dans les deux langues russe et française comme refuges, recueils de souvenirs et lieux d’affirmation de soi. Ces nouvelles voix de la scène littéraire nous feront partager ce qui les anime et nous diront comment l’écriture de leur premier roman les fait tenir debout.

Comme une invitation à découvrir les épreuves tout juste développées, ce Banquet d’automne verra également la restitution des travaux des résidents accueillis à Lagrasse par le Marque-Page au printemps dernier : Mathieu Gaulène autour du pin solitaire resté debout face à la mer après le passage du tsunami au Japon, Hakima Metahri attentive aux combats pour la dignité qui se jouent dans l’intimité des gestes et des choix de ses parents pendant la guerre d’Algérie, et Sandrine Teixido qui donne voix aux rescapés humains et non humains du glissement de terrain du Bumba au Brésil. À leurs côtés, l’auteur Nicolas Rouillé (Éditions Anacharsis) présentera le travail qu’il aura mené tout le mois de novembre dans le cadre de la première résidence d’écriture accueillie par l’EPCC Les arts de lire.

Ce Banquet sera enfin l’occasion de tester la plasticité de la notion d’arts de lire: nous lirons des images en mouvement (films courts et long), nous nous régalerons de mets et de mots à la même table sous la voûte du cellier de l’abbaye, nous marcherons dans le paysage pour une expérience de lecture avec les pieds ou dans l’abbaye pour une interprétation archéologique et architecturale du monument.

Les arts de lire, c’est ensemble, se tenir debout !