Banquet de printemps 2009

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Le Banquet du livre de printemps 2009

Exils et frontières

du vendredi 8 au dimanche 10 mai

rencontres | tables rondes | cinéma
lectures | soirée musicale | librairie

Il y a soixante-dix ans, les Républicains espagnols fuyaient le coup d’État du général Franco et leur propre défaite, se réfugiant dans notre région, où ils furent plus ou moins bien accueillis. Dans la même période, de très nombreux artistes et intellectuels de langue allemande ont dû fuir le nazisme et s’exiler ailleurs en Europe et en Amérique.
Antonio Machado et Walter Benjamin sont deux figures emblématiques de cette expérience de l’arrachement. Survivant de l’après-guerre, Paul Celan s’exile volontairement à Paris, mais il va s’attacher à composer ses poèmes dans la langue allemande, contre l’affirmation d’Adorno, estimant qu’il était barbare d’écrire des poèmes après Auschwitz.
Mais l’exil est avant tout un sentiment, planté au cœur des écrivains, des philosophes, et plus généralement de tous les artistes qui prétendent s’affronter au monde.
L’exil de soi n’est pas sans rapport avec la question, de la folie – qu’elle soit créatrice ou destructrice. Et dans tous les cas, souffrance de l’exister.
De l’Allemagne et de l’Espagne jusqu’au Chili et l’Algérie, en passant par la frontière du Mexique et par tous les horizons poétiques et tragiques, ce Banquet de printemps explore les exils et les frontières…

Le programme

vendredi 8 mai 2009
15 h – Abdelkader Djemaï, romancier franco-algérien, vivant en France depuis 1993 après avoir dû fuir la guerre civile en Algérie, évoque l’exil contraint de l’écrivain, à travers la figure d’Albert Camus et sa propre existence. Il est l’auteur de Camus à Oran (1995) ; dernier roman paru : Un moment d’oubli (Seuil, 2009)
17 h – Andréa Lauterwein, spécialiste de la culture allemande (dernier ouvrage paru : Anselm Kiefer et la poésie de Paul Celan, éd. du Regard 2006, Prix Artcurial du livre d’Art contemporain) : « l’exil des intellectuels allemands dans les années trente et l’après-guerre »
21 h – Projection de film Inguelezi de François Dupeyron, accompagnée d’une conversation avec Éric Caravaca, acteur principal du film (sous réserve).

samedi 9 mai 2009
11h –  Cinéma documentaire (projection du film documentaire Une lecture de la guerre, à propos de la guerre dans l’ex-Yougoslavie, de Jean-Michel Mariou, en présence Velibor Colic
15h – Rencontre avec le romancier et dramaturge Yves Ravey (dernier ouvrage paru : Bambi Bar, éd. de Minuit 2008) : « L’écrivain expulsé du paysage »
17 h – Rencontre avec le philosophe Paul Audi (dernier ouvrage paru : Rousseau, une philosophie de l’âme, éd. Verdier 2008) : « L’exil intérieur du créateur ; la figure du romancier Romain Gary »
21 h 30 – Projection du film Rue Santa Fé, de Carmen Castillo

dimanche 10 mai 2009
11h – Cinéma documentaire : Les écrivains de la frontière de Carmen Castillo – projection du film, accompagnée d’une conversation avec François Hirsch, traducteur de Cormac Mac Carthy (dont La Route, éd. de l’Olivier 2008), allant « de la frontière aux confins »
14 h 30 – Rencontre avec le romancier Velibor Colic (dernier ouvrage paru : Archanges, roman a capella, éd. Gaïa 2008) : « Écrire sans pays »
16 h – Progreso Marin et Sylvie Caucanas, historiens, évoquent l’exil des Républicains espagnols : « la Retirada : l’invention de la mémoire »

Les différentes rencontres seront ponctuées d’une lecture de textes par le comédien Baptiste Roussillon, prochainement à l’affiche dans Le Bureau national des allogènes, de Stanislas Cotton au Théâtre de l’Est Parisien, du 11 au 26 juin (mise en scène : Vincent Goethals).

LES AUTEURS INVITÉS

Paul Audi est philosophe. Il est né en 1963 au Liban. Il a écrit de nombreux ouvrages (15 publiés), principalement consacrés à l’éthique, à la création artistique et aux relations entre éthique et esthétique. Il est l’auteur d’une thèse sur Rousseau. Il s’inscrit dans le sillage d’une philosophie de la vie : reprend la lignée de Schopenhauer, Rousseau, Kierkegaard, Nietzsche et, plus proche, Michel Henry.
Il est également spécialiste de Romain Gary, écrivain mésestimé, mort en 1980.
Et éditeur de L’Affaire homme, un recueil d’articles et textes brefs de Gary, paru chez Folio en 2005.
« Depuis quelque temps, ce solitaire hyperactif commence à être reconnu pour ce qu’il devient : un de nos rares vrais philosophes, tout simplement. Voilà que les Etats-Unis et le Canada l’invitent et commencent à le fêter. Ses livres sont en cours de traduction aux Pays-Bas ou en Espagne. Bref, on s’avise en plusieurs lieux, qu’en France un philosophe est né. Ne soyons pas les derniers avertis. » (Roger-Pol Droit, Le Monde, 20 mai 2005).
Ouvrages publiés : Rousseau, une philosophie de l’âme, Verdier, 2008 ; Supériorité de l’éthique, Flammarion, coll. « Champs », 2007 ; Je me suis toujours été un autre. Le paradis de Romain Gary, Christian Bourgois, 2007 ; Michel Henry. Une trajectoire philosophique, Les Belles Lettres, coll. « Figures du Savoir », 2006 ; La Fin de l’impossible. Deux ou trois choses que je sais de Gary, Christian Bourgois, 2005 ; Créer, Encre Marine, 2005 ; Où je suis. Topique du corps et de l’esprit, Encre Marine, 2004 ; L’Ivresse de l’art. Nietzsche et l’esthétique, Le Livre de Poche, coll. « Biblio essais », 2003 ; L’Europe et son fantôme, Léo Scheer, coll. « Manifeste », 2003 ; Crucifixion, Encre Marine, 2001 ; L’Éthique mise à nu par ses paradoxes, même, PUF, coll. « Perspectives Critiques », 2000 ; Picasso, picaro, picador. Portrait de l’artiste en surmâle, PUF, coll. « Perspectives Critiques », 1999 ; L’Autorité de la pensée, PUF, coll. « Perspectives Critiques », 1997 ;Rousseau, éthique et passion, PUF, coll. « Perspectives Critiques », 1997

Dans la conférence de Paul Audi, il sera question du retour impossible et de… boxe.
Paul Audi va en effet s’appuyer sur une séquence du film de Leon Gast, When we were Kings (1996), à partir du livre de Norman Mailer, Le Combat du siècle, où est en jeu le championnat du monde entre Mohamed Ali et George Foreman à Kinschasa au Zaïre.

Sylvie Caucanas est directrice des Archives départementales de l’Aude. Historienne,  spécialiste de la société rurale du moyen Age au 17e siècle, elle organise régulièrement des expositions et des colloques sur l’histoire des mentalités. Dans le cadre des Archives départementales, elle est responsable d’un fonds important sur la Retirada, l’exil des républicains espagnols à la fin de la guerre civile, en 1939.

Velibor Čolić est un écrivain bosnien vivant en France. Il est né en 1964 dans une petite ville de Bosnie où il perdra sa maison et ses manuscrits réduits en cendres pendant la guerre. Après des études de littérature yougoslave à Sarajevo et Zagreb, il travaille à la radio régionale comme journaliste chargé de rock et jazz. Enrôlé dans l’armée bosniaque, il déserte dès mai 1992, est fait prisonnier mais s’échappe et se réfugie en France au mois d’août de la même année.
Accueilli à Strasbourg par le Parlement des écrivains pour une résidence d’un an, l’écrivain y reste quelque temps puis part s’installer en Bretagne où il vit désormais. Il organise des ateliers d’écriture dans les collèges environnants.
Son premier livre paru en France, Les Bosniaques, décrit la guerre de Bosnie sous forme de petits tableaux voire de croquis d’après des notes prises en catimini sur le front.
Son roman Perdido, biographie imaginée de Ben Webster, saxophoniste de Duke Ellington, se déroule dans le monde du jazz.
En 2008, Velibor Čolić décide d’écrire ses romans directement en français et publie aux éditions Gaïa Archanges, dans lequel il fait œuvre de mémoire en évoquant les atrocités perpétrées durant la guerre en Bosnie. Il sera invité pour ce roman au Festival du Premier Roman de Laval.

Abdelkader Djemaï : Né à Oran en1948, Abdelkader Djemaï a été enseignant, journaliste et écrivain en Algérie.
Il arrive en France en 1992, devant fuir la guerre civile algérienne, car il est menacé de mort.
Son expérience lui inspire ses nombreux romans et récits.
Son enfance et la guerre civile en Algérie constituent les thématiques de plusieurs de ses romans ; Eté de cendres (1995), Sable rouge (1996), 31, rue de l’Aigle (1998) qui forment une trilogie autour de la tragédie algérienne, ou encore Camping (2002). De même, le roman-photo : Un taxi vers la mer (2007) sur l’enfance en Algérie.
Ensuite le déracinement, l‘exil et l’errance inspirent : Gare du Nord (2003), Le Nez sur la vitre (2005) et enfin Un moment d’oubli (paru au Seuil cette année).
La littérature française constitue pour lui un point d’appui essentiel. Et notamment la figure d’Albert Camus qui a lui-même vécu à Oran, est déterminante. Il a écrit Camus à Oran.

Andréa Lauterwein est née à Zurich et vit en France.
Elle entretient un rapport privilégié aux deux langue : allemande et française.
Elle travaille sur la culture de langue allemande du 20e siècle et notamment les liens entre la société, les arts,  la littérature et la Shoah.
Elle est traductrice.
En tant qu’auteur elle a publié un remarquable essai sur Paul Celan (Belin 2006)
De même, Anselm Kiefer et la poésie de Paul Celan (éd. du Regard, 2006, prix Artcurial du livre d’Art contemporain).

Progreso Marin est Toulousain, enfant de l’exil des républicains espagnols. Il a consacré de nombreux ouvrages à cette mémoire toujours à vif de la Retirada, des camps, de l’exil et de la lutte. Il est aussi poète Il a publié aux Nouvelles éditions Loubatières Dolores, une vie pour la liberté (2002) ; Exilés espagnols, la mémoire à vif (2008).

Yves Ravey : Né au sortir de la guerre, de père français et de mère autrichienne, il vit et enseigne les arts plastiques à Besançon.
Il écrit des romans et des textes pour le théâtre, pour la plupart publiés aux éditions de Minuit. Il a publié à ce jour neuf romans, dont : Bambi Bar (2008), L’Épave (2006), Pris au piège (2005) et Le Drap (2004), à la parution duquel il avait été consacré par la presse comme un romancier majeur dans le paysage littéraire français. Il a écrit également des pièces de théâtre (dont Dieu est un steward de bonne composition, Minuit, 2005), créé au Théâtre du Rond-Point et mis en scène par Jean-Michel Ribbes avec Judith Magre, Claude Brasseur et Michel Aumont ; et enfin un magnifique essai, Pudeur de la lecture, paru aux Solitaires  Intempestifs en 2003.
«Des années et des années à écrire pour apprendre à faire court : les livres d’Yves Ravey sont de plus en plus minces mais toujours aussi denses» J.-B. Harang, Le Magazine littéraire, 2008.
Il a publié en 1996 Alerte, un roman traversé par la question de la mémoire des camps et dont il sera question à présent.
Le Monde publie en 2008 un texte sur la situation de l’écrivain : « L’écrivain expulsé du paysage », et qui sera lu par Baptiste Harang à la fin de la rencontre.

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