Le Banquet d’automne pose les questions de la création et du vivant à travers un thème, des écriavains et leurs œuvres : peinture et poésie, cuisine et paysages, littérature et photographie, le monde sort des livres et s’inscrit en eux…
Dans son ouvrage Créer, Verdier poche, 2010, le philosophe Paul Audi écrit :
« Créer. L’énigme paraît entière. L’explication impossible. La logique de la création, si jamais elle existe, a le plus grand mal à s’insérer dans un réseau démonstratif de causes et d’effets. Il y a toujours hiatus, saut, coupure, discontinuité entre ce qui, étant déjà là, se prête à l’expérience et ce qui soudain vient au jour pour la toute première fois. […] Pourquoi – au moins dans le monde « désenchanté » qui est le nôtre – l’être humain se sent-il porté à créer ?
Parce que vivre signifie éprouver, et parce que la plupart des hommes cherchent constamment à résister aux Moires du désespoir, de la peur et de la perte – ces éternelles « filles de la Nuit » dont ils souhaiteraient tant qu’elles n’aient jamais raison de la jouissance et de la réjouissance de vivre –, […] ceux-là qui affrontent les Moires, les affrontent en créant. En créant, ils participent au pouvoir créateur de la vie, ils s’immiscent au sein de son mouvement intérieur et donnent ainsi à leur propre vie la possibilité prodigieuse de se surmonter tout en s’accroissant. C’est la vie elle-même qui veut cela. C’est la surabondance du vivre, c’est cette plénitude débordante, irréductible, de la vie que l’individu vivant ne peut mettre à distance de soi, oui, c’est à la fois cette excédence du Soi et cet impouvoir du moi qui fondent dans les profondeurs de l’être le règne de l’activité créatrice. En d’autres termes, la création est un mode de vie, une façon pour la vie de se donner à soi, et c’est pourquoi la création devient pour certains individus ce que l’on appelle un mode de vie. Ceux-là […] savent aussi que créer, ce n’est pas fabriquer et ce n’est pas produire : qu’il n’y a même pas d’autre création possible que la création de possibles, comme il n’y a de production que la production du « réel ». Ils savent, autrement dit, que créer veut dire en son concept : libérer des possibilités de vie susceptibles d’accroître à la fois la puissance de la sensibilité et la jouissance du fait de vivre. »
Voici la liste des thèmes abordés, depuis 2008 : Lieux sacrés, lieux profanes, 2008 ; L’homme et l’animal, 2009 ; En cuisine, 2010 ; L’esprit du lieu : Joe Bousquet, René Nelli et Pierre Reverdy, 2011 ; L’effervescence de l’invention : de Charles Cros à nos jours, 2012 ; Autour de Claude Simon, une communauté discrète d’auteurs et de lecteurs, 2013 ; La fabrique du roman, 2014.