Résidence partagée 2019 – Exhumer

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Résidence de printemps 2019

du samedi 18 mai au dimanche 16 juin

Le retour de résidence – cinquième semaine au cours de laquelle les résidentes  viendront présenter leur travail aux publics du territoire – aura lieu du 21 au 28 octobre.

Le jury des résidences partagées de La Maison du Banquet s’est réuni le mardi 15 janvier à Lagrasse pour étudier les 87 dossiers reçus  à la suite de l’appel à candidature de la session 2019, sur le thème Exhumer.

Trois ont été finalement retenus. Le hasard des délibérations a fait que ce sont trois femmes qui seront avec nous cette année. Voici leur projet :

Marion Lavabre : Les âmes annamites

« Entre Port-Vendres et Banyuls, l’anse de Paulilles est actuellement décrite comme l’un des plus beaux joyaux de la côte catalane. Ce site classé par  le Conservatoire du Littoral des Pyrénées Orientales témoigne pourtant  d’une histoire ouvrière et industrielle particulière : en 1870, Alfred Nobel y bâtit une dynamiterie qui fonctionna jusqu’en 1984. Lors d’une semaine de mai 2018, en formation à Cosprons avec Eyes in Progress et la photographe Claudine Doury, j’ai découvert ce passé explosif et le souffle de la mémoire coloniale française qui l’accompagne. Pendant la première guerre mondiale la France enrôla, de gré ou de force, des natifs du protectorat d’Annam (actuel Vietnam) afin de servir de main d’œuvre et remplacer les ouvriers partis au front. Entre 400 et 1000 Annamites auraient ainsi été débarqués à la dynamiterie de Paulilles pour augmenter la production d’explosifs nécessaire à la guerre. Entre la dangerosité du travail et les épidémies de typhoïdes, beaucoup sont morts sur place. Combien ? Aucun chiffre précis. Les historiens peinent à trouver des pièces officielles.
On ne connaît pas de descendants. Les Annamites semblent avoir disparu sans laisser de trace. Dans le registre d’état civil de Port-Vendres seuls sept actes de décès sont dressés en 1918 avec la mention « mort pour la France ».
Quant aux corps, nulle mention de leur emplacement… peut-être dans une fosse commune creusée en dehors de l’enceinte du cimetière de Cosprons. En 2012, une stèle y est érigée en leur honneur. »

Diane Barbe : Eisenhüttenstadt, des voix oubliées

Projet d’écriture d’un film documentaire. « En rase campagne, à la frontière polonaise, surgit en 1951 la première « ville socialiste » de la toute jeune République Démocratique Allemande (RDA). On y trempait l’acier à partir du minerai de fer russe et du charbon polonais ; on l’avait baptisé l’« acier de la paix ». Eisenhüttenstadt, la « ville des hauts fourneaux », s’appelle ainsi depuis 1961. Elle devait, à l’origine prendre le nom de Karl-Marx, puis,avec la mort du petit père des peuples en 1953, le nom de Stalinstadt lui fut préféré pour quelques années. Dans cette ville modèle, cité résidentielle pour les travailleurs du nouveau site sidérurgique Eisenhüttenkombinat-Ost, se sont rués une masse de jeune gens, main-d’œuvre pour l’aciérie, attirés par les standards supérieurs au reste du pays, par la modernité et le confort des nouveaux logements et par les infrastructures sociales et culturelles. Entre 1953 et 1960, le nombre d’habitants est multiplié par dix, atteignant le chiffre de vingt-quatre mille personnes. »

 

 

 

Dorothée Delacroix : Le légiste et le fantôme

« Mes recherches portent sur les exhumations des cadavres des conflits armés des XXe et XXIe siècles qui sont réalisées simultanément d’un bord à l’autre de l’Atlantique et qui relèvent des politiques publiques de « réparations symboliques » aux victimes. Mon approche qualitative et comparative (Espagne, Pérou et bientôt Colombie) vise à comprendre le rôle et la circulation des normes et des acteurs internationaux (ONG et experts), les relations qu’ils entretiennent avec les familles de victimes, ainsi que les enjeux politiques de la mise en images des cadavres et de la médiatisation des rituels funéraires et commémoratifs au moment de ré enterrer les corps. Mon travail comparatif a également pour objectif de cerner les reconfigurations des rituels et des constructions symboliques de la mort depuis des terrains proches d’un point de vue des représentations religieuses catholiques. J’étudie à la fois les modalités des ré-inhumations des corps et leurs écarts éventuels avec les modalités coutumières de prise en charge des sépultures ordinaires, les réaménagements des secrets sociaux que ces exhumations produisent et les dynamiques
mémorielles qu’elles induisent. »

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