LA SÉLECTION DE DÉCEMBRE 2020
Cette année, la librairie fait la part belle aux beaux livres…
CATALOGUE D’EXPOSITION
Collectif, Les origines du monde, L’invention de la nature au XIXe siècle, Musée d’Orsay/Gallimard, novembre 2020, 384 p., 45 €
Le XIXe siècle a connu un développement sans précédent des sciences naturelles. Si les grands voyages d’exploration témoignent de la diversité du monde et de la variété des espèces vivantes, la géologie dévoile l’inimaginable antiquité de la terre, et l’étude des fossiles révèle les prémices de la vie et l’existence d’espèces disparues, dont les dinosaures. La découverte de l’homme préhistorique questionne tout autant : comment le représenter ? Qui était le premier artiste ? Dans la seconde moitié du siècle, Darwin et ses adeptes interrogent les origines de l’homme, sa place dans la Nature, ses liens avec les animaux ainsi que sa propre animalité dans un monde désormais compris comme un écosystème. Ce bouleversement dans les sciences, ainsi que les débats publics qui traversent le siècle, influencent profondément les artistes. L’esthétique symboliste de la métamorphose se peuple alors de monstres et d’hybrides. L’infiniment petit, la botanique et les profondeurs océaniques inspirent les arts décoratifs. À la croisée des sciences et des arts, cet ouvrage confronte les principaux jalons des découvertes scientifiques avec leur parallèle dans l’imaginaire.
https://m.musee-orsay.fr/fr/expositions/article/les-origines-du-monde-50525.html
PHOTOGRAPHIE
Augustin Rebetez, Michela Alessandrini (préfacière), Antoine Volodine (post-facier),Le cœur entre les dents, manifeste primitif, Actes sud, octobre 2020, 386 p., 39 €
Né en 1986, Augustin Rebetez a développé depuis une quinzaine d’années un univers artistique puissant, généreux, parfois provocateur et terriblement sensible. Cette alchimie unique prend corps par la photographie puis il panache son geste de vidéos, peintures, dessins, textes, compositions musicales ou mises en scène théâtrales. Il invoque les rites anciens et les objets oubliés pour mieux éclairer un monde impitoyable et tendre à la fois, à la poésie brute et la violence délicate.
Alfred Latour (1888-1964) fut un peintre, graveur, designer, photographe reconnu tout au long de sa carrière. Il a représenté le génie du graphisme français à l’international. Pour célébrer sa mémoire, la Fondation Alfred Latour, en collaboration avec les Éditions Actes Sud, a décidé en 2019 de lancer un prix qui distingue tous les deux ans un artiste dont l’univers et les modes d’expression prolongent les champs exploratoires qui furent ceux de Latour.
« Augustin Rebetez nous plonge à travers cet ouvrage magistral, intitulé Le Cœur entre les dents (manifeste primitif), dans un monde onirique qui a l’intensité de l’enfance et de ses contes aussi doux que cruels. Les dessins rhizomiques, les sculptures couleur de rouille, de cheveu ou de terre, les photographies ensorcelées, les poèmes tristes de cet artiste jurassien exposé dans le monde entier parlent du monde sauvage, de l’immensité, de la solitude, de la tendresse ou de son absence. Ils nous ravissent en même temps qu’ils nous mordent le cœur. » Marie Zawisza, L’Œil
JEUNESSE ALBUM
Pauline Delabroy-Allard, Camille Jourdy, Le Dégât des eaux, Éditions Thierry Magnier, octobre 2020, 36 p., 14.90 €
A partir de 4 ans
Nino se réveille en pleine nuit : il y a du bruit dans la cuisine… et de l’eau partout ! Que se passe-t-il ? En se penchant par le hublot de la machine à laver, zioup !, le voilà qui glisse… et se retrouve en pleine mer ! Où est-il ? Serait-ce Venise ?
Un merveilleux voyage métaphorique pour évoquer l’aventure de devenir grand frère.
Patricia Hegarty, Yas Imamura, Quand tombe la nuit, Édition Quatre Fleuves, octobre 2020, 26 p., 13.90 €
A partir de 3 ans
Un bel album dont les pages découpées au laser dépeignent de façon poétique la tombée de la nuit sur le monde sauvage. Pour un moment de partage avec les enfants sur les mystères du soir et la beauté de la nuit.
Quand le soleil se couche, la nature et les animaux célèbrent les dernières lueurs du jour, dans la jungle d’Amazonie, dans l’océan Pacifique, en lisière d’une forêt française…
Puis, viennent le crépuscule et la nuit. Alors, un autre monde s’éveille et s’agite dans des univers sombres, traversés par la clarté de la lune.
Les coyotes crient dans le désert, le requin remonte silencieusement des abysses pour une nuit de traque, le tigre solitaire parcourt la jungle…
Une découverte de la faune et la flore des cinq continents à travers un texte poétique, parfois haletant.
https://yasimamura.tumblr.com/
Éric Puybaret, Cache-lune, Gautier-Languereau, octobre 2002, 32 p., 12.90 €
De 3 à 8 ans
Timoléon vient d’obtenir son diplôme de Cache-Lune. Cette profession très rare consiste à étendre chaque nuit un grand drap devant la Lune pour cacher une partie de sa lumière. C’est un travail très important car les croissants de Lune ainsi formés embellissent le ciel et rythment le temps. Seulement voilà, le jeune garçon a égaré la pilule qui rend léger comme l’air !
Dans ces conditions, comment se rendre sur la Lune pour succéder au vieux Zamoléon qui va prendre sa retraite ?
Aidé de tous ses compagnons, Timoléon a une nuit pour trouver une solution…
POESIE ET CUISINE !
Collectif, Haïkus,L’art de boire et de manger, traduit du japonais par Dominique Chipot et Makoko Kemmoku, Seuil, octobre 2020, 128 p., 19 €
Ce nouveau volume des « Classiques en images » propose de renouer avec la tradition du poème court japonais à travers une sélection de 60 haïkus exclusivement consacrés au monde culinaire.
Ce recueil célèbre avec poésie et raffinement le rapport entretenu avec la nourriture, la boisson, les sensations que procurent le fait de préparer le repas, de boire le saké, de couper un poisson. Il montre que ces manières de boire et de manger relèvent tout autant du nécessaire que du spirituel.
Parmi les auteurs, nous retrouvons : Bashô, Kazué Asakura, Buson, Yûji, Masajo Suzuki, Kikaku, Teijo Nakamura, Takako Hashimoto, Chora…
Ces haïkus sont illustrés par des estampes d’artistes des XVIIIe et XIXe siècles comme Utagawa Kunisada, Kitagawa Utamaro, Torii Kiyonaga, Utagawa Hiroshige…
BANDES DESSINEES
Zabus & Hippolyte, Incroyable !, Dargaud, juin 2020, 200 p., 21 €
A partir de 12 ans
En Belgique, dans les années 1980, Jean-Loup vit en compagnie de son père. Le petit garçon souffre de TOC liés à un cruel manque de confiance en lui et à une certaine solitude due à l’absence de sa mère. Doté d’une grande imagination, doué d’un talent de conteur, il se construit pourtant son propre univers avec beaucoup de fantaisie… Mais comment raconter des histoires aux autres quand on est hypocondriaque ? Comment peut-on tout simplement trouver sa place dans la société alors qu’on est différent des autres ?
Une histoire drôle et émouvante servie par les illustrations d’Hippolyte qui ont parfois un petit air de Sempé.
http://www.sceneario.com/bande-dessinee/incroyable/incroyable/30670.html
ROMANS GRAPHIQUES
Aurélien Ducoudray, Mélanie Allag, Le Repas des hyènes, Delcourt, septembre 2020, 152, p., 19.99 €
A partir de 16 ans
Ce conte initiatique et fantastique africain questionne la mémoire face aux bouleversements du monde. Une fable pour adultes, car sous la douceur du trait se cache la violence de la vie.
Kubé et Kana sont jumeaux mais Kubé, né le premier, a le privilège d’accompagner leur père au repas des hyènes dont le rire strident peut faire revenir les défunts d’entre les morts. Kana ne se fait pas à l’idée d’être berger et décide d’assister à la cérémonie d’intronisation de son frère. Malheureusement, le garçon perturbe son déroulement et réveille l’esprit maléfique d’un Yéban. Ce démon va passer un marché avec Kana…
« Dans Le Repas des hyènes,au gré des saynètes qui émaillent le récit et lui font traverser des forêts de symboles, les auteurs renouent avec l’univers originel du conte et son objet : capter l’attention, ouvrir les cœurs et frapper les esprits. Le ton est juste, les personnages bien campés et attachants, les dialogues truculents et, grâce au dessin de Mélanie Allag, la magie opère. Venue de l’illustration jeunesse, la dessinatrice déploie un imaginaire visuel saisissant où, à la faveur d’un clair-obscur ambiant, le monde des esprits rejoint souvent celui des hommes. Un vrai bonheur de lecture. » Télérama, 20 octobre 2020
Hugo Pratt, Michel Pierre, Les Aventureuses, Casterman, octobre, 216 p., 30 €
Toute la force et la séduction des plus beaux personnages féminins de la BD
Hugo Pratt, maestro du 9e art, est particulièrement célèbre pour ses personnages aux caractères complexes et envoutants. Les femmes qui habitent ses livres ont ainsi fasciné des générations de lecteurs, en échappant toujours au rôle de simple faire-valoir du héros. Dans ce beau livre, tous les personnages féminins imaginés par Hugo Pratt, d’Ann de la jungle à Bouche Dorée, de Pandora à Mohena, s’invitent pour un ultime hommage en forme de clin d’oeil. Les aquarelles d’Hugo Pratt répondent aux cases empruntées aux albums de BD et aux textes imaginés par Michel Pierre, comme dans un dialogue entre les personnages et leur créateur. Si « derrière chaque grand homme se cache une femme », voici celles qui accompagnent les personnages cultes que sont Corto, Koïnsky, Jesuit Joe…
https://www.ligneclaire.info/pratt-pierre-106296.html
LIVRES JEUNESSE OBJETS
Giulia Vetri, Là où tout est blanc, Les Grandes Personnes, novembre 2020, 44 p., 20 €
A partir de 3 ans
À la fin de ses études, Giulia Vetri a réalisé un livre sans parole intitulé «90° Sud», qu’elle destinait à un public adulte. Elle s’est passionnée pour cet univers mystérieux qu’est l’Antarctique, sa découverte au cours des siècles, tout ce qu’il reste à découvrir, et son importance du point de vue climatique et écologique pour notre planète.
Dans un format à l’italienne, avec des pages découpées et des pages calques imprimées, cet album s’adresse aux jeunes lecteurs avec l’objectif de faire naître en eux un appétit de découverte pour cette terre, les sensibiliser à la pureté de ce lieu aujourd’hui menacé par l’activité de l’homme.
http://www.giuliavetri.com/La-Ou-tout-est-blanc
Alice Millot, Clémence Paldacci, Échappe-toi ! La Cité engloutie, Un livre escape-game, Milan, octobre 2020, 16 p., 16.90 €
Escape game à partir de 8 ans.
Les sirènes ont kidnappé ta monitrice de plongée et te demandent de les aider !
Tu n’as plus le choix ! Cherche les indices, découvre les perles manquantes et reconstitue le collier sacré.
Tu n’as pas une minute à perdre !
Reste calme, observe bien les lieux : tous les indices sont là, mais sauras-tu les voir ?
Un livre-jeu avec une page à déverrouiller !
ART – JEUNESSE
Géraldine Elschner, Frédérick Mansot, La Forêt d’Elzéard, inspiré de L’Homme qui plantait des arbres de Jean Giono, illustré par des peintures de Vincent Van Gogh, L’Élan vert, novembre 2020, 76 p., 14 €
De 9 à 99 ans
Elzéard l’a fait. Elzéard Bouffier. Planter des chênes, sans répit, dans les landes désertes
qui entouraient sa bergerie. Là-bas est née toute une forêt. À la mort du vieil homme,
la jeune Fanfan s’est promis d’aller sillonner la Provence. Carnets et cartes en main, elle est enfin prête à retrouver la forêt d’Elzéard.
LECTURE ADO
Manon Fargetton, A quoi rêvent les étoiles, Gallimard jeunesse, septembre 2020, 400 p., 17 €
A partir de 13 ans
Et s’il existait, comme pour les étoiles, des constellations invisibles à l’œil nu unissant les humains?
Titouan ne sort plus de sa chambre.
Alix rêve de théâtre.
Luce reste inconsolable depuis la mort de son mari.
Gabrielle tient trop à sa liberté pour s’attacher.
Armand à construit sa vie entière autour de sa fille.
Cinq personnages, cinq solitudes que tout sépare. Il suffira pourtant d’un numéro inconnu s’affichant sur un téléphone pour que leurs existences s’entrelacent…
«Hasard, destin, alignement de planètes… Appelez ça comme vous voulez, moi j’appelle ça magie.»
Justesse psychologique, vérité des situations: un roman choral brillant et lumineux sur les liens invisibles qui unissent les êtres.
« (Sur une idée) éminemment romanesque, et Manon Fargetton la met en scène comme une pièce de théâtre en cinq actes. Son texte est formidablement vivant, traversé de multiples interrogations, sur les liens familiaux, le deuil, la signification d’être adulte. Il charrie maintes émotions, surprend, bouleverse et transporte par sa force poétique et sa foi dans la magie du monde et de la vie. » Télérama, 17 novembre 2020
ART
Laure Adler, Le corps des femmes, Ce que les artistes ont voulu faire de nous, Albin Michel, octobre 2020, 176 p., 35 €
Depuis la préhistoire, avec l’apparition des venus hottentotes, la femme a été le centre et le support de tous les fantasmes. Déesse ou putain, vierge ou sorcière, virago ou odalisque, elle a été mise en scène, allumée, surexposée : son corps, toutes les parties de son corps, et son visage, à travers un regard essentiellement masculin.
La première partie de cet ouvrage — La femme regardée — va jusqu’au moment où Courbet et Manet vont révolutionner le regard, la seconde — Les femmes qui nous regardent — jusqu’aux années 60 et la troisième — Ces femmes qui se regardent — débute avec les années 1970, quand s’est opérée une révolution majeure pour les femmes artistes qui désormais se représentent elles-mêmes. C’est donc aussi à une histoire de l’évolution du statut de la femme que ce livre convie, comme un voyage au Pays de l’émancipation sexuelle et politique, de Camille Claudel à Louise Bourgeois, et de Frida Kahlo à Cindy Sherman.
Collectif, Matisse comme un roman, Éditions du Centre Pompidou, septembre 2020, 328 p., 45 €
Avec plus de 200 œuvres et documents provenant autant de la riche collection matissienne du Musée national d’art moderne que de grandes collections nationales et internationales, cette exposition retrace la carrière de l’artiste selon un parcours chronologique, de ses débuts vers 1890 au contact des maîtres pendant lesquels il élabore progressivement son propre langage pictural, jusqu’au début des années 1950.
Le catalogue de l’exposition emprunte les codes de l’édition d’Henri Matisse, roman de Louis Aragon, et se déploie autour de cinq essais et d’une ample chronologie / anthologie illustrée et enrichie de nombreuses citations et documents inédits, afin de « bâtir le roman » du peintre Matisse et de son œuvre, à la manière d’une biographie. La monographie est complétée par un petit cahier de reproductions de la revue Verve à laquelle l’artiste a activement contribué.
https://www.centrepompidou.fr/fr/programme/agenda/evenement/yItyEdE
Alix Paré, Sorcière, de Circé aux sorcières de Salem, Chêne, août 2020, 108 p., 14.90 €
Magicienne volant sur un balai ? Hérétique condamnée au bûcher ?Femme fatale détournant les hommes du droit chemin ? Empoisonneusemaîtrisant l’art des poisons ? Oui mais pas que… La sorcière, honnie au Moyen Âge, est devenue une icône féministe incarnant pouvoir et indépendance. Elle peuple les œuvres d’art et les cultures populaires du monde entier depuis des millénaires.
Au fil des pages, parcourez les œuvres de Jérôme Bosch, Albrecht Dürer, Francisco de Goya ou René Magritte. Découvrez des représentations des sorcières de Salem, héroïnes de Shakespeare, ou de Circé, enchanteresse
qui transforme les compagnons d’Ulysse en cochons.
http://www.baz-art.org/archives/2020/09/13/38528148.html
HISTOIRE
Collectif, La mosaïque d’Alexandre, 5 Continents éditions, octobre 2020, 116 p., 40 €
La mosaïque d’Alexandre est le chef-d’œuvre auquel est dédié le deuxième volume de la collection « Trésors cachés », inaugurée en 2018 avec la tasse Farnèse. Elle constitue certainement l’un des points d’attraction pour les visiteurs qui se pressent quotidiennement dans les salles du Museo Archeologico Nazionale de Naples.
Les tesselles qui la composent, plus d’un million et demi, sont disposées selon la technique de l’opus vermiculatum, c’est-à-dire qu’elles sont parfois de très petite taille, de dimensions et de formes variables, permettant les tracés sinueux et les détails minutieux, et disposées de manière asymétrique en suivant le contour des figures de façon à les faire ressortir sur le fond.
Datée du IIe siècle avant notre ère, parfois dite « Bataille d’Issos », cette mosaïque de sol fut mise au jour en 1831 à Pompéi, dans la célèbre maison du Faune. Si l’identification de la bataille demeure ouverte à toutes les hypothèses d’interprétation, l’identité des deux protagonistes fait l’unanimité : il s’agit d’Alexandre et de Darius.
Luigi Spina aborde l’œuvre en photographe, avec maestria ; il met en lumière les visages, les gestes, les détails et les expressions des hommes et des animaux, qui échappent souvent au spectateur absorbé par la lecture de l’ensemble de la scène. Yeux écarquillés et attentifs, brides parfois relâchées, fouets cinglants, mais aussi étoffes, ornements précieux, crinières tressées.
Le volume s’accompagne de contributions de Valeria Sampaolo et de Fausto Zevi, qui replacent la mosaïque dans son contexte historique et artistique et soulignent sa dimension extraordinaire au sein de l’histoire de l’art ancien.
https://panoramadelart.com/bataille-alexandre-pompei
Dominique Garcia, Collectif, La Céramique, La poterie, du Néolithique aux temps modernes, éditions Errance, septembre 2017, 30 €
Un manuel indispensable pour tous les amateurs et professionnels. La poterie constitue le document privilégié de la recherche archéologique, du néolithique à la période moderne. L’étude de la céramique donne des informations remarquables sur les entités culturelles et sur la chronologie. Cet ouvrage offre une approche à la fois technique et culturelle, des origines à l’aube de la civilisation industrielle.
Martin Sauvage (dir.), Atlas du Proche-Orient ancien, Les Belles Lettres / Institut français du Proche-Orient, novembre 2020, 218 p., 55 €
Cet atlas offre un panorama complet du Proche-Orient ancien, depuis les prémices de la sédentarisation, il y a plus de 20 000 ans, jusqu’au tournant de notre ère.
Il rassemble à la fois des cartes synthétiques permettant de suivre l’évolution culturelle et politique du Proche-Orient dans la durée, mais également des cartes plus focalisées sur une région précise ou plus thématiques.
Toutes les cartes, entièrement nouvelles, prennent en compte les dernières avancées de la recherche et offrent l’état le plus à jour possible des axes d’étude explorés dans la région.
Ont été ajoutés un certain nombre de plans de villes, principales capitales et cités plus modestes à la morphologie caractéristique d’une région ou d’une période.
Chaque carte est accompagnée d’un court texte qui expose le contexte culturel ou politique et explicite les choix cartographiques, les limites des connaissances ou les avancées de la recherche durant les vingt dernières années.
S’y ajoutent un choix de références bibliographiques parmi les plus à jour pour chaque contribution, un index des noms propres et des noms de peuples ainsi qu’un index géographique très complet recensant les noms modernes et anciens des sites ainsi que leurs différentes variantes.
« C’est un monument comme seuls les archéologues peuvent en concevoir car pour eux, habitués à compter en siècles voire en millénaires, le temps n’est pas le même que le nôtre. » Livres Hebdo, novembre 2020
NATURE
Vincent Albouy, Eric Darrouzet, Architectes du monde animal, Quae, octobre 2020, 148 p., 26 €
Avez-vous jamais remarqué, sur un mur de pierre ou au dos d’un panneau le long d’une route, d’insolites fourreaux miniatures faits de débris végétaux ? C’est l’œuvre de chenilles de papillons psychés. Comme elles, d’autres animaux s’entourent individuellement d’une enveloppe protectrice, ou bien la sécrètent, exposant à la vue des curieux ces constructions souvent esthétiques.
Non moins étonnants, les abris familiaux que de nombreux animaux élaborent pour protéger leur descendance. Encore plus stupéfiants, certains animaux mutualisent efforts et ressources pour concevoir des logements collectifs !
Sommaires ou sophistiqués, tous ces refuges, qui répondent aux besoins propres à l’espèce, montrent une grande diversité de forme et d’organisation architecturales : cocons, coquilles, nids, terriers, galeries, etc. Les spectaculaires photos de ce livre et les textes à la portée de tous nous emmènent à la découverte d’une ingénieuse nature. À travers une trentaine d’exemples, des vers marins aux mammifères et aux oiseaux en passant par les fourmis tisserandes, les grenouilles, et bien sûr les araignées, les auteurs nous présentent des constructions animalières aussi variées que les compétences de leurs architectes. Une belle incitation à mieux respecter la biodiversité de notre monde.
« Un livre à mettre entre les mains des architectes ! La mésange de Pologne et son nid suspendu en forme de poire pourraient les inspirer pour nous faire de douillettes maisons… Pour qui sait la regarder de près, comme les savants auteurs de ce beau livre, la nature recèle une multitude d’architectures extrêmement élaborées. » Télérama, 28 novembre 2020
LITTÉRATURE FRANÇAISE
De l’action et des fantômes…
Catherine Dufour,Au Bal des absents, Seuil, septembre 2020, 224 p., 18 €
Claude a quarante ans, et elle les fait. Sa vie est un désert à tous points de vue, amoureux et professionnel ; au RSA, elle va être expulsée de son appartement. Aussi quand un mystérieux juriste américain la contacte sur Linkedin – et sur un malentendu – pour lui demander d’enquêter sur la disparition d’une famille moyennant un bon gros chèque, Claude n’hésite pas longtemps. Tout ce qu’elle a à faire c’est de louer la villa « isolée en pleine campagne au fond d’une région dépeuplée » où les disparus avaient séjourné un an plus tôt. Et d’ouvrir grands les yeux et les oreilles. Pourquoi se priver d’un toit gratuit, même pour quelques semaines ? Mais c’est sans doute un peu vite oublier qu’un homme et cinq enfants s’y sont évaporés du jour au lendemain, et sans doute pas pour rien.
Une famille entière disparaît, un manoir comme premier suspect. Entre frissons et humour Au bal des absentsest une enquête réjouissante comme on en lit peu.
Dominique Forma, Manaus, La Manufacture des Livres, novembre 2020, 154 p., 12.90 €
D’abord, il doit passer inaperçu parmi l’escorte qui accompagne de Gaulle en Argentine. Une fois sur place, accomplir sa mission. Simplement, efficacement, sans poser de question. Trouver le contact, approcher la cible, l’éliminer. Puis, toujours invisible, retourner en France. Mais les Services lui annoncent qu’il doit faire un détour par Manaus. Dans cette ville brésilienne spéculent les anciens partisans de l’Algérie française en exil, des nazis ayant fui la chute de leur monde, les chefs des cartels de drogue latinos… Là, au cours de troubles négociations, il devra accompagner un Français, qui n’est autre que le témoins dérangeant d’un passé impossible à oublier….
Dans la moiteur de cette jungle amazonienne où les règles n’existent plus et où la trahison devient le mot d’ordre, Dominique Forma nous livre un roman aussi noir que cinglant.
https://next.liberation.fr/livres/2020/11/05/manaus-un-espion-dans-la-jungle_1804700
LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE
Olga Tokarczuk, Histoires bizarroïdes, traduit du polonais par Maryla Laurent, Les Éditions Noir sur Blanc, octobre 2020, 192 p., 19 €
Lauréate du prix Nobel de littérature 2018, Olga Tokarczuk nous offre un recueil de nouvelles qui vient confirmer l’étendue de son talent : qu’elle se penche sur les époques passées ou qu’elle s’amuse à imaginer celles du futur, elle a toujours le souci d’éclairer le temps présent et ne se défile devant aucune des questions qui se posent aujourd’hui à nous.
L’esprit d’enfance, le désir d’immortalité, le délire religieux, mais aussi le transhumanisme, le rapport à la nature, la fragilité de la civilisation : sans surenchère dans la dystopie, sans jamais de complaisance dans la noirceur, Olga Tokarczuk nous fait mesurer les espaces infinis de ce qui échappe à notre connaissance. Mais pour cet écrivain qui excelle à découvrir des connexions et des correspondances, le salut réside à n’en pas douter dans les puissances de l’imaginaire et dans l’acceptation par chacun de sa propre étrangeté.
https://www.en-attendant-nadeau.fr/2020/11/24/paraboles-tokarczuk/