Lorsque l’on évoque la question du suicide au Moyen Âge – pratique qui existait et qui a été documentée par les historiens – on pense immédiatement, et à juste titre, aux analyses d’Augustin, reprises au 13e siècle par Thomas d’Aquin. 

Selon eux, le suicide n’est rien d’autre qu’un homicide et doit, à ce titre, est formellement condamné et interdit. Mais s’ils semblent condamner toute forme de suicide, ils acceptent néanmoins certains cas de morts volontaires, comme le martyre. 

S’engouffrant dans cette brèche, certains philosophes médiévaux vont tenter de justifier d’autres types de sacrifices, notamment politiques, jusqu’à faire du bien commun le critère ultime qui permet de choisir ou non d’abréger son existence. 

Nous suivrons les principaux jalons de cette évolution dans la théorisation de la mort volontaire depuis Augustin jusqu’à des auteurs moins connus, comme Siger de Brabant et Henri de Gand au 13e siècle, ou Nicole Oresme au 14e siècle, en passant par des anonymes, dont nous avons conservé seulement les manuscrits. 

Nous ferons apparaître la progressive séparation entre une analyse strictement théologique d’un côté, et une vision spécifiquement philosophique de la mort volontaire de l’autre. 

L’approche philosophique se divise elle-même en deux camps: les partisans d’une forme d’égoïsme philosophique (le bonheur de l’individu reste le critère ultime en éthique) et ceux d’une éthique plus sociale (le bien commun est supérieur au bien individuel).

Le séminaire sera animé par Aurélien Robert, philosophe français spécialiste de philosophie médiévale et renaissante, et plus particulièrement de l’histoire de l’atomisme. Dans ce cadre, il a notamment travaillé sur la réception d’Épicure au Moyen Âge et sur l’origine néo-pythagoricienne de l’atomisme médiéval. Il s’intéresse aussi aux rapports entre philosophie et médecine.

Indications bibliographiques : 

Platon, Phédon, trad. M. Dixsaut, Paris, GF, 1991.

Aristote, Physique, trad. P. Pellegrin, Paris, GF-Flammarion, 2000. 

Aristote, Ethique à Nicomaque, trad. J. Tricot, Paris, Vrin, 1990 (multiples réditions) ; ou trad. R. Bodeus, Paris, GF, 2004.

Augustin, Le libre arbitre, in Œuvres, I, éd. L. Jerphagnon, Paris, Gallimard 1998 ; ou trad. G. Madec, Paris, Etudes augustiniennes, 1993.

Augustin, La Cité de Dieu 1, livres I à X, Paris, Points Seuil, 1994.

Thomas d’Aquin, Somme de théologie, IIa IIae, q. 64, a. 5, Paris, Les éditions du Cerf 1984. 

H. Kantorowicz, « Mourir pour la patrie dans la pensée politique médiévale », dans Mourir pour la patrie : et autres textes, trad. L. Mayali et A. Schütz, préface et présentation par P. Legendre, Paris, Fayard, 2004. 

S. Kempshall,The Common Good in Late Medieval Political Thought, Oxford, Oxford University Press 1999. 

Murray, Suicide in the Middle Ages, 2 vol., Oxford University Press, 1998-2000.

Robert, « Désir de persévérer dans l’être et mort volontaire chez Nicole Oresme », Quaderni di Noctua, 5, 2019, disponible en ligne : https://dx.doi.org/10.14640/QuadernidiNoctua5-7

Robert, Epicure aux enfers. Hérésie, athéisme et hédonisme au Moyen Âge, Paris, Fayard, 2021.

INFORMATIONS PRATIQUES

Conditions de participation

Inscription préalable obligatoire.

40 € / 10 € : tarif réduit pour les personnes percevant les minima sociaux et les étudiants.
Le séminaire est également offert à deux personnes de moins de 25 ans.

Renseignements
La Maison du Banquet & des générations :
04 68 91 46 65
administration@lamaisondubanquet.fr
www.lamaisondubanquet.fr

Hébergement
Office du tourisme : 04 68 43 11 56
www.lagrasse.com

Les conditions d’accueil seront conformes aux préconisations sanitaires.  Le nombre de places est donc limité. Nous sommes à votre disposition pour vous préciser les mesures mises en œuvre.

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Luzerner Chronik de Diebold Schilling (Zentral- und Hochschulbibliothek Luzern, Sondersammlung, Eigentum Korporation Luzern). © DR